• Comme des brins de ouate

    Lentement sur la terre qui dort

    Emportée par la brise du nord

    Tombe la neige moite.

     

    Doucement elle tombe, tombe,

    Étend son blanc manteau

    Sur la terre et sur l'eau

    Et jette son linceul sur la froide tombe.

     

    Noël! Noël! chante la cloche,

    Noël! Noël murmure l'enfant

    Qui s'endort joyeux et souriant

    Car le Père Noël déjà s'approche.

     

    Dans les jolies bottines

    Il déposera sans bruit

    Au milieu de la grande nuit

    Ses jouets et la paix divine

     

    Et dehors, dans la tourmente,

    Près d'un petit portillon,

    Couvert de pauvres haillons,

    Un enfant pleure et se lamente.

     

    Le froid mord sa chair violette,

    Et ses pauvres petits yeux

    Fatigués s'abaissent silencieux

    Car la vie lentement le quitte.

     

    Un ange, éclatant de lumière,

    Emporte de ce lieu maudit,

    Vers le céleste paradis,

    L'enfant de misère.

     

    ♦♦♦

     

     

     

     

     


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  • 28 000 tonnes de lait infantile sont produits chaque année dans cette usine Lactalis de Craon.

    Oui, 28 millions de kilos de lait en poudre soit environ 280 000 000 de litres de lait liquide!

    Ce lait en poudre est produit grâce à des tours de séchage.

    Tours dans lesquelles il a été retrouvé les salmonelles qui ont contaminé le lait en poudre depuis le 15 février 2017.

    Mais c'est bien le lait qui a contaminé les tours !

    Et, ce lait, qui le produit ? 

    L'élevage n'est pas une industrie que l'industrie laitière veut imposer aux éleveurs.

     


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  • Vous êtes-vous jamais demandés : d’où viennent tous les aliments que nous absorbons ? Comment est venue au premier homme, l’idée de goûter à telle ou telle plante ? Pourquoi d’une telle plante mange-t-on les feuilles, de l’autre, les racines et de la troisième, les fruits ? Comment est venue à l’homme l’idée de griller le café, de le moudre et ensuite de verser de l’eau chaude là-dessus ? Pourquoi ne pas l’avoir fait bouillir avec du céleri, des carottes et des navets ? Il y aurait autant de raisons, n’est-ce pas ? Eh bien, pour vous donner une idée de la façon dont cela a dû se passer pour le blé, par exemple, je vais vous raconter l’histoire de cette découverte.

     

    En l’an 10.492 avant J.-C., le jeune fils de la famille Riboucodonosor, vêtu de ses peaux de bête, est sorti par une fraîche matinée, de sa caverne, en laissant toute la famille endormie après la chasse au mammouth de la veille. Il avait faim. Comme tous les gens qui ont faim, il était de mauvaise humeur et bougonnait :

    « J’en ai assez du mammouth ! Je ne veux plus de mammouth. Tous les jours du mammouth. Mère exagère un peu : hier on a mangé la cheville, avant-hier les oreilles, avant avant-hier… Ah ! non, j’en ai assez. Et toujours de la viande, de la viande et encore de la viande. Et les légumes alors ? On n’en mange donc jamais. Si j’essayais une de ces herbes ? »

    On était à la fin de l’été et au milieu des herbes qui couvraient un vaste pré, on voyait se dresser des drôles de tiges avec des piquants revêches qui pointaient vers le ciel. Le fils Riboucodonosor qui s’appelait de son prénom Trukmuch, pour le distinguer de son frère cadet Muchtruk, arracha une de ces tiges et sortit de l’épi de blé (car c’en était un), des graines. Ayant fait un signe contre le mauvais sort, car il n’était pas sûr de ne pas s’empoisonner, il en goûta quelques unes. Ce n’était pas mauvais. Il cueillit alors une centaine d’épis, en remplit son sac en peau d’iguanodon et s’en fut à la grotte.

    Tout le monde était déjà réveillé.

    « Regardez ce que je vous apporte ! ». s’écria-t-il en rentrant dans la caverne familiale.

    Tous goûtèrent aux graines et, comme lui, ne les trouvèrent pas mauvaises au goût. Mais l’affaire, comme on dit, n’eut pas de suite. On laissa les épis dans un coin, pêle-mêle avec les haches de silex et les massues où on les oublia.

    Une quinzaine de jours après, la petite sœur Fifinette qui ne mesurait qu’un mètre quatre vingt dix, tandis que Trukmuch mesurait deux mètres dix, passant par là, reprit les épis qui étaient devenus secs et se mit à grignoter les grains.

    « C’est dur comme du chien ! » dit-elle, « si je les écrasais ? » Ainsi dit, ainsi fait. Prenant deux pierres lisses, Fifinette écrasa les graines : la farine était trouvée.

    Et comme elle n’avait pas de peaux de léopard à raccommoder ce jour-là, Fifinette continua tranquillement à broyer les grains, jusqu’à ce qu’elle en eut une écuelle pleine.

    Le temps était lourd. Fifinette sortit de la caverne avec son écuelle pour voir s’il n’allait pas pleuvoir. Elle la posa sur une pierre plate qui était devant la caverne. Puis voyant les premières gouttes de pluie tomber, elle laissa là l’écuelle, pour aller ramasser des peaux d’auroch étalées dans le pré qui risquaient d’être emportées par l’orage.

    Lorsque Fifinette ressortit, l’orage était passé. Mais son écuelle était pleine d’eau : « oh ma pauvre farine ! » s’écria-t-elle.

    Désolée Fifinette voulut faire évaporer l’eau de pluie. Pour cela elle malaxa le mélange et mit le tout sur une pierre chauffée. Puis elle mit une autre pierre plate dessus qu’elle recouvrit elle-même de tisons. Au bout d’une demi-heure, une bonne odeur sortit de ce four improvisé. Au grand étonnement de Fifinette, le premier pain était né.

    Toute la famille s’assit en rond et dégusta ce nouvel aliment.

    ♦♦♦

     


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  • Je suis allée voir un vieil ami qui occupe, à l’Institut Pasteur, un grand laboratoire et une petite place parmi les savants dont on ne parle jamais.

    Pendant la guerre, mon ami s’est adonné à l’élevage des poux de tranchée, histoire de rechercher la poudre qui devait les exterminer.

    Je ne sais pas s’il l’a trouvée.

    Maintenant que les billets de banque remplacent l’or, l’argent et le bronze, le vieux savant voue ses jours à la contemplation de la faune parasitaire qui s’ébat en toute liberté sur les sordides coupure.

    Il préfère les plus sales qui sont les plus peuplées.

    Mon ami est ce qu’on appelle un microbiologiste ; mais il ne se fait pas d’illusions. Comme il a un peu plus de soixante ans, il sait qu’il ne viendra pas à bout de sa tâche et que ce sont les microbes qui « l’auront ».

    Il m’a dit :

    — On ne pouvait inventer un plus merveilleux réceptacle à bacilles que la coupure populaire. D’abord parce qu’elle est assurée d’une circulation considérable. Ensuite pour ces trois scientifiques raisons :

    « 1° Il faut, pour se bien porter, de l’oxygène à la faune microbienne. Or les billets de un franc et de cinquante centimes sont toujours à l’air ;

    « 2° Il faut de la chaleur aux microbes. C’est entre + 18° et + 40° qu’ils jouissent de leur bon temps. Or on a coutume de loger les coupures dans ses poches, lesquelles reçoivent du corps le chauffage central ;

    « 3° Il faut un peu d’humidité aux bacilles. Or les coupures sont maniées par le doigts gras des bouchers et des charcutiers, par les mains suantes des travailleurs, par les mains mouillées des marchandes de poisson et de légumes. Il y a même d’innocents receveurs qui, pour rendre plus commodément la monnaie, glissent momentanément la coupure entre leurs dents. »

    Ayant dit doctement, le terrible savant passa à la démonstration.

    Il détacha de l’ongle une parcelle de coupure de vingt sous : il la disposa sous un microscope de laboratoire et il m’indiqua comment je devais mettre mon œil pour y voir quelque chose.

    Alors, sur le brin de coupure métamorphosé en champ de culture, je vis courir en tous sens des monstres en forme de serpents, de vers, de sangsues, d’étoiles de mer et de poulpes. Il y en avait tant que les misérables se bousculaient, se montaient les uns sur les autres et paraissaient s’entre-dévorer. Je compris que le savant n’aurait pas assez de sa vie pour les dénombrer tous.

    — J’en ai déjà recensé un peu plus de 80 millions sur un billet entier, dit avec orgueil le microbiologiste.

    Je me rejetai en arrière, épouvantée.

    — J’ai reconnu, ajouta-t-il avec le plus grand calme, le bacille de la tuberculose, de la peste, de la syphilis et du béribéri et même le bacille de Nicolaïer, qui donne le tétanos.

    — Assez ! assez ! suppliai-je éperdue.

    Et je m’écriai :

    — Bénie soit la sainte ignorance ! Main tenant, je ne pourrai plus garder une coupure dans mon sac sans craindre mille morts. Vous serez cause que je vais jeter l’argent par les fenêtres.

    — Ayez soin de prendre des gants, dit le vieux savant en me reconduisant…

     Ce qui est dit ici pour les bactéries est valable pour les virus.

    En cette période d'épidémie de grippe,

    Lavez-vous souvent les mains !

     

     

    L’Institut Pasteur et les pastoriens ont joué un rôle capital dans la carrière d’Achille Urbain. Engagé dans l’armée en 1903, diplômé de l’École Vétérinaire de Lyon en 1906, il rejoint le Laboratoire Militaire de Recherches Vétérinaires en 1920. Il complète sa formation dans le service de Besredka à l’Institut Pasteur et se consacre à la microbiologie - en lien avec la pathologie animale -. Il entre en 1931 au Muséum national d’Histoire naturelle, devenant, en 1934, le premier directeur du Zoo de Vincennes et le premier professeur d’« Éthologie des animaux sauvages ». De 1942 à 1949 il dirige le Muséum, où il poursuit ses recherches en microbiologie. L’étude des travaux d’Urbain dans le domaine des disciplines pastoriennes explique pourquoi il est aujourd’hui méconnu : il reste pour l’essentiel un collaborateur scientifique et ne s’engage pas dans une recherche fondamentale. De plus, il demeure un bactériologiste « classique », alors que s’annonce la révolution virologique et biomoléculaire.

     

     


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    Billet de la Parisienne

    Chacun des siècles qui ont précédé le nôtre s’est considéré comme moderne, et l’était en effet an regard du passé. Nous autres, avec nos inventions, nos découvertes, nos audaces multipliées, et qui, chaque jour, faisons « de plus en plus fort » nous avons sans doute plus qu’aucune autre époque l’impression que nous ne nous démoderons pas, que nos trouvailles mécaniques, pratiques, que notre confort et notre rapidité ne sauraient être dépassés.

    Et pourtant !

    Il est amusant de se dire qu’un temps viendra fatalement où nous serons pour nos successeurs ce que sont pour nous le Moyen âge ou le siècle de Louis XIV ou la période des crinolines et des diligences.

    Nous nous croyons très différents de ces époques qui nous semblent si naïves et si pittoresques. Cependant nous leur donnons la main beaucoup plus étroitement qu’il n’y paraît.

    Avouerai-je que j’ai longuement médité là-dessus, l’autre jour, en découvrant, tandis qu’un embouteillage m’en laissait le long loisir, que le képi de nos sergents de ville portait, toute petite réduction, le blason de la Ville de Paris ?

    Un blason, tout comme sur le pourpoint des jeunes pages médiévaux ? Cette découverte m’a fait me rendre compte du reste. Car, somme toute, assise dans mon taxi, n’étais-je pas tout simplement en carrosse ? Les chevaux avaient disparu, c’est vrai, mais le principe était exactement le même. Quatre roues, un siège où se prélasser, des glaces qui séparent de la foule, un salon exigu dans lequel on se fait traîner…

    La lumière des rues était électrique, soit ; mais j’en voyais le foyer comme mes ancêtres voyaient celui des torches, puis des flambeaux, puis des lanternes de corne, puis des réverbères d’abord à huile, ensuite à gaz… Et puis quoi ?… Je faisais encore partie de l’an mil, après tout, additionné, c’est vrai, de neuf siècles, mais qu’est-ce que cela, tant que le 1 initial n’est pas encore devenu le 2 qui suivra ?

    Ah ! quand, sur le taximètre du temps, ce numéro-là changera, ce sera peut-être vraiment autre chose ! En l’an 2030, des rêveurs, des poètes soupireront en songeant à nous : « Que j’aurais voulu vivre à cette époque ! »

    Ils nous évoqueront avec nostalgie, nous serons devant eux une belle image du passé. Ils organiseront des bals costumés, des reconstitutions, ils riront de songer que nous pouvions vivre avec ces lumières dans l’œil, nous faire traîner sur ces quatre roues, avoir dans nos rues ces hommes ornés d’un petit blason sur leur couvre-chef.

    Puis, tristes, ils reprendront leur vol à travers une nuit pareille au jour, vertigineux, avec une hélice quelque part.

    * * *

     

     


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