• J.P. dans le train ( picard)


    Jean-Pierre din ch' train,

     

    JP i vo al gare por prein-ne ech train.

    Tiote bélote, all li rcominde ed bien composter sin billet.

    Ch'est ch'qu'i foait.

     

    I vo s'assir pi i rbé ech poéysage, ches vakes, ches geins…

     

    Ech controleu i passe pi li dminde sin billet,

    - " Bé, tnez el vlo "

    Echt'homm i ravise ech billet pi i dit :

    - " O, vos êtes berlué, ch'est ch'billet d'artour qu'os'avez composté ! "

     

    - " Bé, a n'est mie grave, ej m'in vo m'ette à l'invers,

    din l'eute sins de ch'train !

    (...à une tiote bélote qui adore les trains !)

     

    prein-ne : prendre

    s'assir : s'asseoir

    dminde : demande

    ravise : observe

    berlué : trompé

    d'artour : de retour

    ♦♦♦

    Le Picard fut aussi la langue de Molière, comme dans cette pièce " Monsieur de Pourceaugnac "

    Acte II scène VIII

    Nérine, en Picarde.

    NÉRINE Ah ! je n’en pis plus, je sis toute essoflée ! Ah ! finfaron, tu m’as bien fait courir, tu ne m’écaperas mie. Justice, justice ! je boute empeschement au mariage. Chés mon mery, Monsieur, et je veux faire pindre che bon pindar -là.

    MONSIEUR DE POURCEAUGNAC Encore ! ORONTE Quel diable d’homme est-ce ci ? LUCETTE Et que boulés-bous dire, ambe bostre empachomen, et bostro pendarié ? Quaquel homo es bostre marit ? NÉRINE Oui, Medeme, et je sis sa femme. LUCETTE Aquo es faus, aquos yeu que soun sa fenno ; et se deû estre pendut, aquo sera yeu que lou faray penda. NÉRINE Je n’entains mie che baragoin-là. LUCETTE Yeu bous disy que yeu soun sa fenno. NÉRINE Sa femme ? LUCETTE Oy. NÉRINE Je vous dis que chest my, encore in coup, qui le sis. LUCETTE Et yeu bous sousteni yeu, qu’aquos yeu. NÉRINE Il y a quetre ans qu’il m’a éposée. LUCETTE Et yeu set ans y a que m’a preso per fenno. NÉRINE J’ay des gairents de tout ce que je dy. LUCETTE Tout mon païs lo sap.

    NÉRINE No ville en est témoin. LUCETTE Tout Pezenas a bist nostre mariatge. NÉRINE Tout Chin-Quentin a assisté à no noce. LUCETTE Nou y a res de tan beritable. NÉRINE Il gn’y a rien de plus chertain. LUCETTE Gausos-tu dire lou contrari, valisquos ? NÉRINE Est-che que tu me démaintiras, méchaint homme ? MONSIEUR DE POURCEAUGNAC Il est aussi vrai l’un que l’autre. LUCETTE Quaign’inpudensso ! Et coussy, misérable, nou te soubenes plus de la pauro Françon, et del paure Jeanet, que soun lous fruits de nostre mariage ? NÉRINE Bayez un peu l’insolence. Quoy ? tu ne te souviens mie de chette pauvre ainfain, no petite Madelaine, que tu m’as laichée pour gaige de ta foy ? MONSIEUR DE POURCEAUGNAC Voilà deux impudentes carognes ! LUCETTE Beny, Françon, beny, Jeanet, beny, toustou, beny, toustoune, beny fayre beyre à un payre dénaturat la duretat qu’el a per nautres. NÉRINE Venez, Madelaine, me n’ainfain, venez-ves-en ichy faire honte à vo père de l’inpudainche qu’il a. JEANET, FANCHON, MADELAINE Ah ! mon papa, mon papa, mon papa !

    MONSIEUR DE POURCEAUGNAC Diantre soit des petits fils de putains ! LUCETTE Coussy, trayte, tu nou sios pas dins la darnière confusiu, de ressaupre à tal tous enfants, et de ferma l’aureillo à la tendresso paternello ? Tu nou m’escaperas pas, infâme ; yeu te boli seguy per tout, et te reproucha ton crime jusquos à tant que me sio beniado, et que t’ayo fayt penia : couqui, te boli fayré penia. NÉRINE Ne rougis-tu mie de dire ches mots-là, et d’estre insainsible aux cairesses de chette pauvre ainfain ? Tu ne te sauveras mie de mes pattes ; et en dépit de tes dains, je feray bien voir que je sis ta femme, et je te feray pindre. LES ENFANTS, tous ensemble Mon papa, mon papa, mon papa ! MONSIEUR DE POURCEAUGNAC Au secours ! au secours ! Où fuirai-je ? Je n’en puis plus. ORONTE Allez, vous ferez bien de le faire punir, et il mérite d’être pendu.

    ♦♦♦

     


  • Commentaires

    1
    Lundi 8 Mars 2021 à 20:44

    Chaque région a  son parler,patois ou langue.Je suis pour les conserver.En Corse le problème de l'enseignement du Corse est réglé .

    Bonne soirée

    2
    Lundi 8 Mars 2021 à 21:07

    Bonsoir Luc

    Bon ..... je crois que j'ai traduit à peu près mais pour le lire heureusement que tu ne m'entendais pas ! he

    Ben oui si c'est le billet retour, y a qu'à s'asseoir dans l'autre sens cool

    Je pourrais te le dire en patois limousin, éventuellement .... oralement parce-que, par contre, l'écrire me serait difficile !

    Merci pour le partage

    Bonne soirée, Bises

    3
    Lundi 8 Mars 2021 à 22:56

    Je trouve ça beau ces dialectes. Pas facile de les garder « en vie »

    Merci.

    4
    Mardi 9 Mars 2021 à 01:21

    Bonsoir Luc , oui le basque est enseigné à l' école ! . Je n'en sais rien car je suis du Nord mais pas chti , loll ! . Bonne semaine , escapade , 

    5
    Mardi 9 Mars 2021 à 02:36

    Belle histoire que je suis contente d'avoir comprise alors que je ne connais pas du tout le patois ch'ti, mais ça passe bien entre nous deux ♥ !

    Je te souhaite un bon mardi avec des bisoux, mon cher luc.

     

    6
    éliane roi
    Mardi 9 Mars 2021 à 09:32

    Beau texte en ch'ti, riche patois de nos régions, de nos racines ; c'est notre patrimoine. Parlons-le, écrivons-le, faisons-le connaître aux futures générations.

    7
    Mercredi 10 Mars 2021 à 08:28

    Ah l'ancien français patoisé... Un régal. Il suffit de lire lentement pour comprendre. Mais est-ce pareil à l'oreille ? Pas sûr ! Enfant, j'ai vécu en Normandie et à l'école, certains élèves parlaient en patois. A force de les entendre, j'ai fini par comprendre. Au bout d'un certain temps évidemment. Un "ber en ousi"," djède la mé, la gran mé" est le peu qu'il m'en reste.

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :