• La Chanson de Craonne

    Quand au bout d'huit jours, le r'pos terminé,
    On va r'prendre les tranchées,
    Notre place est si utile
    Que sans nous on prend la pile.
    Mais c'est bien fini, on en a assez,
    Personn' ne veut plus marcher,
    Et le cœur bien gros, comm' dans un sanglot
    On dit adieu aux civ'lots.
    Même sans tambour, même sans trompette,
    On s'en va là haut en baissant la tête.
    Adieu la vie, adieu l'amour,
    Adieu toutes les femmes.
    C'est bien fini, c'est pour toujours,
    De cette guerre infâme.
    C'est à Craonne, sur le plateau,
    Qu'on doit laisser sa peau
    Car nous sommes tous condamnés
    C'est nous les sacrifiés!
    C'est malheureux d'voir sur les grands boul'vards
    Tous ces gros qui font leur foire;
    Si pour eux la vie est rose,
    Pour nous c'est pas la mêm' chose.
    Au lieu de s'cacher, tous ces embusqués,
    F'raient mieux d'monter aux tranchées
    Pour défendr' leurs biens, car nous n'avons rien,
    Nous autr's, les pauvr's purotins.
    Tous les camarades sont enterrés là,
    Pour défendr' les biens de ces messieurs-là.
    Au Refrain
    Huit jours de tranchées, huit jours de souffrance,
    Pourtant on a l'espérance
    Que ce soir viendra la r'lève
    Que nous attendons sans trêve.
    Soudain, dans la nuit et dans le silence,
    On voit quelqu'un qui s'avance,
    C'est un officier de chasseurs à pied,
    Qui vient pour nous remplacer.
    Doucement dans l'ombre, sous la pluie qui tombe
    Les petits chasseurs vont chercher leurs tombes.
    Ceux qu'ont l'pognon, ceux-là r'viendront,
    Car c'est pour eux qu'on crève.
    Mais c'est fini, car les trouffions
    Vont tous se mettre en grève.
    Ce s'ra votre tour, messieurs les gros,
    De monter sur l'plateau,
    Car si vous voulez la guerre,
    Payez-la de votre peau!
    ♦♦♦
    Cette chanson contestataire, qui tire son nom d'un village de l'Aisne détruit lors des différentes batailles du Chemin des Dames, dérange encore, cent ans après la fin de la Grande Guerre.
     
    Elle témoigne de la lassitude des soldats et d'un mouvement de contestation né au sein de l'armée après les terribles pertes humaines de l'offensive du Chemin des Dames, menée à l'initiative du général Nivelle en avril 1917.

     

    ♦♦♦
    ♦♦♦
     

  • Commentaires

    1
    Samedi 8 Février 2020 à 09:09

    Comment   pourrait   'il  en  être autrement    quand   à  la  fin , ce sont  les  généraux   qu'on  félicite !

    On  peut   dire pourtant   qu'ils   déplaçaient   des pions, peu   soucieux   des  morts !

    J'  espère   un réveil   des  forces   de  police,  bras   armés   des  politiques   censés  nous représenter.

     Bonne  fin de semaine Luc

     Amitié

    2
    Samedi 8 Février 2020 à 10:43

    Bel hommage à ces hommes qui se battaient pendant que d'autres en profitaient.

    Un éternel recommencement ...

    Bon week end avec une semaine à venir très chargée ...
    Je pense avoir mon corset neuf et je vais aussi essayer mes nouvelles chaussures en espérant les avoir ce mois.
    Et, surtout, de nouveaux examens pour mon chéri ...
    Là, il nous faut garder le moral mais c'est vraiment stressant
    et l'attente semble interminable avec des délais de RDV incroyables !
    Gros bisoux, cher luc.

     

    3
    Samedi 8 Février 2020 à 10:51

    Bonjour Luc

    Je ne connais pas Craonne mais étant originaire du Limousin je connais bien Oradour ....

    Je hais les guerres !

    Bon week-end, Bises

    4
    Samedi 8 Février 2020 à 16:15

    Bonjour Luc , oui mon grand père fut sauvé d' une balle grâce à son missel sur sa poitrine ! ( une relique que mon père garda précieusement ) . Une vidéo émouvante ! . Bon weekend à toi , amitiés , escapade , 

    5
    Samedi 8 Février 2020 à 16:23
    Je suis né à quelques tout petits kilomètres de là et d'avoir côtoyé enfant et adoldescent ceux qui avaient connu cet enfer, ces images ne cessent de me hanter. Autre chose, pour faire allusion à un commentaire précédent : on ne peut attendre de nos flics qu'ils fassent la police parmi nos politiques, sensés et insensés ; ils en sont les chiens de garde dociles et bien dressés. Et ils sont bien réveillés, à preuve le nombre de manifestants qui se sont faits gravement 'écorchés' par eux ces derniers temps. Il faudrait peut-être remettre à l'ordre du jour la circulaire Grimaud de mai 1968 !
      • Vendredi 6 Mars 2020 à 07:17

        Merci d'avoir mis en ligne cette lettre dont je ne connaissais pas l'existence. Voilà un homme qui a su exprimer le fond des violences anti-policières. Et qui sait également rappeler que la violence n'est pas fortuite mais qu'elle est le jeu de quelques ultras excités par la castagne. Quand les imbéciles décident de s'adonner à la violence gratuite, "Bouffer du flic" est le mot d'ordre. Une histoire de vengeance contre l'ordre public : on ne respecte plus rien et on oublie surtout que les forces de police sont avant tout des hommes comme nous. A croire que certains ne connaissent plus le sens du mot humanité et ne savent plus que se conduire comme des bêtes féroces. Ce n'est pas le préfet actuel de Paris qui le prendrait comme exemple puisqu'il a eu le culot et la bêtise de sortir à une femme portant gilet jaune qu'il n'était pas de son monde. Rien que cela est le signe d'une violence bien ancrée dans sa tête, exprimée par des propos méprisants. Rien d'étonnant donc que certains se laissent aller à des actes répréhensibles puisqu'on ne leur oppose que le mépris.

    6
    Mardi 11 Février 2020 à 07:36

    Mon grand-père a fait 3 ans de service militaire avant de partir à la guerre 4 ans de plus. Il était au chemin des Dames et ailleurs. Il a perdu un frère et lui est revenu trépané et gazé ! et quand il est mort en 1962, il était à la guerre le pauvre, il entendait encore les canons. Cette chanson traduit bien l'ambiance, la souffrance de ces soldats, ce qu'elle est triste !

    Cette guerre était une belle saloperie. Et comme l'a dit Paul Valéry : "la guerre est le massacre de gens qui ne se connaissent pas au profit de gens qui eux se connaissent et ne se massacrent pas." (Je viens d'aller à Sète d'ailleurs et  suis allée au cimetière marin où est enterré cet auteur ainsi que Brassens et Jean Vilar.)

    Dans un commentaire précédent, il est question de la police, mais que vient-elle faire là-dedans ?

    Sur ce, bonne journée à toi.

     

     

     

     

    7
    Samedi 15 Février 2020 à 05:53

    J'ai relu ces mots avec tristesse ...

    Que de morts pour rien, si on réfléchit bien.

    Mais la guerre continue, d'une autre façon, car la haine raciale est toujours présente.

    Bon week end, seuls ou en famille.
    Chez nous, c'est au complet avec les 100 ans de beau papa qui se fêtent toute la fin de semaine !
    Aujourd'hui, c'est banquet à la salle des fêtes de la commune, avec FR3 en prime.
    Gros bisoux, cher luc.

     

    8
    Vendredi 6 Mars 2020 à 07:26

    Mon grand-père a connu cette sale guerre et en est revenu traumatisé au point qu'il en avait des cauchemars (raconté par ma grand-mère). Une seule fois il m'en a parlé pour dire seulement ceci "c'était eux ou nous".

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